Len est un menteur, un menteur de première, le pire menteur qui puisse exister : celui dont la mémoire est sans faille, celui qui se rappelle toujours des moindres détails, celui qui enregistre tout (mais aussi, par conséquence, n’importe quoi) dans l’espoir de s’en resservir plus tard, celui qui pensera toujours à sauver sa peau avant de sauver quoi que ce soit d’autre, à transplaner dans les premiers pour éviter les ennuis et à fabriquer des alibis crédibles même lorsqu’il va acheter du porridge en poudre. Parce qu’on ne sait jamais. ‘Dans le doute, fuyons.’

Len est employé à la morgue de Sainte-Mangouste - aussi apprenti légiste et embaumeur, d'où l'appellation faussée mais amusante (?) de croque-mort. Il a l'air d'un joyeux clown à première vue, il l'est d'ailleurs sûrement dans le fond, et si ce n'était pour les centaines de couches de mensonges qu'il déballait chaque jour, il pourrait presque être un type bien. Sauf que Len Townsend, autrefois Leonid Volochenine, n'a rien du type bien, n'a jamais été un type bien et n'a pas la moindre envie de devenir un type bien. Échanger des cadavres en toute discrétion pour se constituer le plus gros stock de gallions qu'il ait jamais vu de sa vie est bien plus intéressant à ses yeux que de brandir une baguette pour arrêter des mages soi-disant "noirs". Et puis qui est noir, qui est blanc, dans cette histoire au fond ?
    SUGAR TOWN
   

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