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Anastasiya Lewis-Cornack
Anastasiya Lewis-Cornack
« It's not my war. »
Ana et Isaac "Tu es en vie ? Vraiment ?"    Ven 24 Avr - 0:00
Gallions : 76
    
Le bras. Toujours et encore le bras. Elle avait tellement de cicatrices sur le bras que les parcelles de peau non-marquées s'y faisaient rares. Sa sœur lui disait toujours qu'un jour, elle finirait par perdre l'usage de son bras gauche si elle n'était pas plus prudente. Et Anastasiya avait beau essayé de lui expliquer qu'elle n'y pouvait pas grand chose, que lorsqu'un dragon avait décidé de ne pas se montrer coopératif, ce n'était pas une poignée de sorciers qui pouvaient nécessairement réussir à le maîtriser totalement, Aleksandra ne comprenait pas. Alors Anastasiya ne se tuait même plus à essayer d'expliquer. Elle se contentait de laisser sa sœur se répandre en conseils et en recommandations sans vraiment écouter, tout en serrant les dents pendant les soins. Puis elle prenait ses quelques jours de repos forcé et elle retournait travailler. Comme d'habitude. Il fallait que les choses restent telles qu'elles avaient toujours été. Parfois, elle se blessait plus dangereusement que d'autres. Mais dans l'ensemble, ça restait des blessures bénignes, sans réelles gravités. C'était plus impressionnant que réellement dangereux pour sa santé...

Et, encore une fois, elle avait fait dans l'impressionnant. Un bébé dragon, qui s'était accroché à son bras et qui avait refusé de lâcher, mordant tant et si bien qu'il avait fini par tout simplement percer le gant, le tissu et la peau. La douleur était lancinante, le sang coulait beaucoup trop, et ils avaient mis un certain temps avant de réussir à décrocher le bébé du bras d'Anastasiya, mais il y avait finalement plus de peur que de mal. Il allait probablement falloir restructurer la peau, d'une manière ou d'une autre, mais les dégâts auraient pu être pires. Elle s'estimait heureuse. Un foulard entouré autour du bras, compressant la plaie pour éviter que le saignement ne prenne de fâcheuses proportions, la dresseuse n'attendit pas des heures avant de se rendre à Ste Mangouste. Elle n'avait, de toute manière, pas tellement le choix. Comme un automatisme, elle s'était présentée à l'accueil, avait décliné son identité, avait expliqué la situation et avait demandé à voir sa sœur. « Je suis désolée, Mme Lewis, mais le Dr Hohara n'est pas disponible pour la journée. » Anastasiya resta quelques secondes sans dire un mot, à simplement fixer la femme qui se trouvait en face d'elle. « Bon. Eh bien un autre. » L'agacement s'était fait entendre, malgré elle, dans le ton de sa voix. Depuis qu'Aleksandra était devenue médicomage, c'était elle qui soignait Anastasiya... Mais elle allait faire avec le fait que ce n'était pas possible aujourd'hui.

Elle dû attendre un peu, avant d'être enfin prise en charge dans une petite salle quelconque. Le foulard toujours fermement fixé sur la plaie, elle prenait sur elle pour ne pas trop faire attention ni à la douleur, ni aux vertiges qui accompagnaient la perte de sang. Et de ce qu'elle avait l'impression de sentir, ça ne s'arrêtait pas. Lassée, fatiguée et endolorie, elle s'installa sur le lit au milieu de la salle en attendant qu'un médicomage ne daigne venir s'occuper d'elle. Et, lorsque la porte de la salle s'ouvrit, elle se redressa vivement, commençant à prendre la parole sans vraiment faire attention à la personne qui venait d'entrer. « Ah ! Bonjour ! Excusez-moi, hein, ce n'est pas vraiment une urgence. Je ne crois pas, en tout cas... Je travaille avec des dragons, vous voyez et je... » Sa phrase ne trouva aucune fin, comme coupée net par une paire de ciseaux invisible, alors que son regard restait fixement planté sur le médicomage qu'elle avait sous les yeux. Elle cligna rapidement des paupières plusieurs fois, sans comprendre. Son cerveau lui-même refusait tout bonnement de faire le rapprochement entre le visage qu'elle voyait et les souvenirs – presque trop lointains – qui lui revenaient en mémoire. Jusqu'au moment où elle percuta pour de bon.

Elle se releva totalement, pour s'approcher de lui. Presque sous le choc. « … Isaac. » Ce n'était pas une question, elle n'avait pas besoin qu'il lui confirme. Il avait vieilli, certes. Son visage n'était plus tout à fait celui d'un adolescent. Mais on ne peut pas oublier le visage d'une personne que l'on a réellement aimé. « C'est une blague ? » Elle aurait pu lui sauter dans les bras. Pleurer de joie, même. Elle aurait pu sourire comme une imbécile. Elle aurait pu. Mais non. Non, son expression restait choquée, le ton de sa voix s'était durci. Et son attitude toute entière était devenue presque hostile. « Tu ne me touches pas. Tu ne regardes même pas ma blessure. Je refuse que tu me soignes. Sérieusement ? C'est vraiment une journée pourrie. Oh. J'imagine que je devrais dire « Heureuse de te revoir, ça fait longtemps » ou une autre connerie du genre, c'est ça ? T'étais pas mort, toi ? » Du reproche. Son ton était plein de reproches. De rancœur. Elle était perturbée, déboussolée. Depuis combien d'années n'avait-elle pas vu ce visage ? Depuis combien d'années ne s'était-elle pas retrouvée en face de cet homme ? Longtemps. Très, trop longtemps. « Non, te donne pas la peine de répondre, va. Tu t'es pas donné la peine de me donner des nouvelles, te donne pas la peine de me donner des explications. Je peux voir un autre médicomage, maintenant ? »

Le tact, chez Anastasiya, avait toujours été particulièrement inexistant. Elle s'était souvent demandé comment elle réagirait, si elle devait revoir Isaac un jour... Elle n'avait jamais imaginé la chose comme ça, dans un hôpital, le bras enroulé dans un foulard plein de sang, à batailler entre rancœur, vertiges, douleur et - même si elle ne voulait pas l'admettre - soulagement. C'était beaucoup trop soudain. Rien ne l'avait préparé à ça. Rien du tout.
Isaac Gresham
Isaac Gresham
« The light that brings the dawn »
Re: Ana et Isaac "Tu es en vie ? Vraiment ?"    Ven 24 Avr - 23:38
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Hey young blood, doesn’t it feel like our time is running out?



Le sommeil m'a encore fuit cette nuit. Bien sûr, il n'a jamais été très clément avec moi et quand il ne me fuit pas, il prend un malin plaisir à me torturer le corps et l'esprit. Et honnêtement, cette trop soudaine rencontre avec Jasmée ne m'aide pas à me vider la tête pour enfin trouver le repos.

La fatigue peut se lire sur chacun de traits de mon visage, et je peine à garder mon sourire, pourtant si naturel habituellement. La journée allait être très longue. J'ai besoin de vacances, m'éloigner de l'atmosphère étouffante de ma terre natale pour aller passer quelques jours paisibles au Japon, revoir les rares personnes qui ont partagé vingt ans de ma vie pendant ma fuite. Mais je vois déjà les yeux de ma fille s'arrondir à cette idée. Oh oui, sans doute qu'elle associerait ces vacances pour une énième fuite, et Ebony ne serait pas tout à fait dans l'erreur. Elle ne me suivra pas, ne voudra pas arrêter sa quête pour retrouver son frère. Et il est absolument hors de question que je laisse mon enfant seule dans un pays aussi dangereux qu'est l'Angleterre aujourd'hui. Du coup, sans vouloir paraître vulgaire, je pense que je peux clairement m'asseoir sur mes quelques jours de repos.

Bref, tout ça pour dire qu'aujourd'hui, c'est une journée sans. Mes collègues ne manquent pas de me le faire remarquer, d'ailleurs.

Ben alors Isaac, c'est quoi cette tête ? T'as déjà besoin de vacances ? Haha !

Haha. Je me contente par un petit hochement de tête, un sourire penaud et un haussement d'épaule. Le respect que mes collègues me doivent au vu de mon poste est quasi inexistant. Cepentand, j'apprécie d'être lentement considéré comme l'un des leurs, alors que je suis arrivé depuis seulement quelques semaines, prenant directement le poste très convoité de Chef des Services. Ils me font déjà un peu plus confiance, c'est déjà pas mal,  même s'ils continuent à se demander pourquoi mon nom de famille n’apparaît nul part : ni sur ma plaque de bureau, ni sur ma blouse de guérisseur, ni sur les divers documents ou je suis inscrit.

La profonde fatigue du jour me pousse à prendre congé une petite demi-heure dans mon bureau, histoire de m'isoler et tenter de trouver un peu de repos. Et quand on travaille dans un hopital, il est dur de rester sans activité plus de dix minutes. Je suis presque étonné d'être dérangé par quelqu'un qui frappe à la porte, plutôt que de l'ouvrir à la volée comme à l'habitude.

« Entrez. »
Pardon de vous déranger, Guerriseur-en-chef Isaac, mais nous venons de recevoir une femme blessé au bras par un dragonneau. La medicomage chargée d'elle d'habitude est en congé et comme vous êtes un des meilleurs en magie reconst...
« C'est bon, je m'en charge. » dis-je en lui faisant signe de disposer.

Je préfère couper court aux éloges. Certes, je suis reconnu comme étant un des meilleurs dans mon domaine, mais je ne m'en vante pas, et je n'apprécie pas que l'on me l'agite sous le nez pour me forcer la main. Dans un soupire, je rassemble mes dernières forces pour me lever et aller m'occuper de cette femme. Dresseuse de dragon ou braconnière ? Peut être aurais-je du me renseigner avant d'envoyer promener ma subordonnée, car si je dois soigner toutes les personnes de la même manière, mon comportement peut varier suivant les situations, et je n'aime pas le braconnage, representant pour moi une facette abjecte de l'humanité, autant sorcière que moldue.

C'est donc en ne sachant pas sur quel pied danser que je me retrouve à pousser la porte d'une des nombreuses salles de consultation ou la blessée m'attends. A mon entrée, la femme se redresse avec hâte du lit sur lequel elle avait décidé de m'attendre allongée, et mon cœur s’arrêta. Je n'ai pas besoin de lire la fiche de renseignement, je sais déjà qui se trouve en face de moi. Elle, la jeune fille qu'il avait prit sous son aile à Poudlard, celle qu'il avait protégé des Serpends et d'Asaël, au point de  m'attirer les foudres de ma maison et de ma famille. Anastasiya. J'ai tellement honte de moi à cet instant que j'aimerais pouvoir transplaner le plus loin possible. Dans ma fuite, j'en ai oublié tous mes amis, bien trop occupé à me regarder le nombril, j'ai écarté de ma vie ceux qui comptaient pour moi, pour réduire mon cercle social à ma fille et mes problèmes.

« Ah ! Bonjour ! Excusez-moi, hein, ce n'est pas vraiment une urgence. Je ne crois pas, en tout cas... Je travaille avec des dragons, vous voyez et je... »  Si j'ai pu avoir un doute quand à son identité, le son de sa voix me transporte plus de vingt ans en arrière, en plein adolescence, en plein doute. Isaac le protecteur.

La voir s'approcher de moi me fait soudain paniquer, je n'ai même pas encore encaissé la rencontre avec Jasmée, je ne suis pas prêt à faire face à mon passé à nouveau. « … Isaac. » Entendre mon prénom de sa bouche me rend encore plus honteux, j'ai envie de me faire si petit, que je pourrais passer sous la porte et m'enfuir. La fuite, encore et toujours. « C'est une blague ? » L'hostilité dans sa voix me frappe tout autant que si mon ancienne amie m'avait porté un coup au visage. « Tu ne me touches pas. Tu ne regardes même pas ma blessure. Je refuse que tu me soignes. Sérieusement ? C'est vraiment une journée pourrie. Oh. J'imagine que je devrais dire « Heureuse de te revoir, ça fait longtemps » ou une autre connerie du genre, c'est ça ? T'étais pas mort, toi ? » Je ne sais pas quoi dire, je n'ai rien à dire pour justifier mon comportement. Je baisse les yeux et je la laisse déverser sa rancoeur. Dans mon égoïsme sans limite, j'avais disparu de la surface du monde, ne donnant des nouvelles à personne, si ce n'est à la femme que j'aimerais jusqu'à ma mort.  « Non, te donne pas la peine de répondre, va. Tu t'es pas donné la peine de me donner des nouvelles, te donne pas la peine de me donner des explications. Je peux voir un autre médicomage, maintenant ? »

Je laisse planer le silence quelques secondes, sans doute le temps qu'Ana se calme, ou bien qu'elle continue à vider son sac. Sans lever la tête, je déglutie et parla d'une voix calme, à des millénaires de ce que je peux ressentir à cet instant précis.

« Il n'y a personne d'autre. Laisse moi te soigner et tu pourras t'en aller. »

C'est complètement stupide comme réponse. J'ai tellement peur du conflit, je me noie tellement dans ma propre honte, que je n'arrive même pas à me justifier, même si Ana ne souhaite pas que je le fasse. Ne faisait-elle pas parti des personnes que j'estimais le plus, il y a deux décennies de cela ? Un autre Isaac, une autre vie. Isaac l'égoïste.

« S'il te plait, laisse moi te soigner. »

Je relève enfin la tête et plante mon regard bleuté empreint de peine dans le sien. Je tend la main pour l'inviter à me montrer son bras. Je ne veux pas entrer dans sa vie, qu'est-ce qui m'en donne le droit, après tout ? Si je m'étais construit une autre vie au Japon, ma Gryffondor m'a toujours manqué, au fond, sans que je m'en rende réellement compte. Le nombriliste que je suis a toujours mis ça sur le compte de l'absence de Jasmée dans ma vie, mais en revoyant Anastasiya, je comprend que c'était d'une amie dont j'avais besoin.

« Je suis désolé. » Je ne sais pas pourquoi je souffle ça tout en baissant à nouveau la tête. Sans doute parce que j'en ai marre de fuir, que ce soit des situations difficiles ou mes sentiments.
Anastasiya Lewis-Cornack
Anastasiya Lewis-Cornack
« It's not my war. »
Re: Ana et Isaac "Tu es en vie ? Vraiment ?"    Sam 25 Avr - 14:11
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Il y avait vraiment des jours, comme ça, où Anastasiya aurait préféré ne pas se lever. Des jours sans, des jours insupportables mais avec lesquels il fallait faire. Pas trop le choix, la vie était ainsi faite. Le pauvre petit dragonneau devait d'ailleurs se dire la même chose, à l'heure actuelle. Pauvre petit père. Les guérisseurs du refuge devaient actuellement être en train de lui soigner ses pauvres yeux, le toucher avec un sort de Conjonctivite avait été malheureusement le seul moyen de lui faire lâcher prise. Mais elle oublia tout du petit dragonneau qui devait probablement pleurer sans trop comprendre ce qui était en train de lui arriver à l'heure actuelle. Elle oublia tout à la seconde où son passé refit surface brutalement, sans qu'elle ne soit préparée. Elle oublia à la seconde où son regard se posa sur Isaac Gresham. Isaac, le protecteur. Isaac, le grand frère. Isaac, l'ami. Mais est-ce que les amis abandonnent vraiment ceux qu'ils aiment sans donner le moindre signe de vie ? Est-ce que les amis font ce genre de choses ?

Elle n'avait pas attendu bien longtemps avant de lui balancer le fin fond de sa pensée. Comme ça, sans prévenir, sans même prendre la peine de masquer l'hostilité dans le ton de sa voix. Elle lui en voulait, oh oui, elle lui en voulait ! Le revoir faisait ressortir à quel point elle pouvait lui en vouloir. Elle lui en voulait, car elle avait passé des années à se demander ce qui lui était arrivé. Elle avait passé des années à s'inquiéter pour lui, pour finalement constater qu'il l'avait juste abandonnée. C'était la seule explication, après tout. Il l'avait abandonnée, il l'avait laissée seule. Il avait trahi leur amitié, celle qu'Anastasiya avait pensé si forte pendant bien des années. Peut-être que c'était elle, qui avait été conne de croire qu'un Serpentard pouvait être loyal, après tout. Elle le vit baisser les yeux, et une certaine envie de le gifler la transperça. Elle n'en fit rien. On ne résous rien par la violence. « Il n'y a personne d'autre. Laisse-moi te soigner et tu pourras t'en aller. » Vraiment ? C'était tout ce qu'il trouvait à dire ? Ana serra la mâchoire, reculant d'un pas pour bien lui faire comprendre que c'était hors de question. Hors de question qu'il la touche. Hors de question qu'il l'approche. « Non. » Clair, net, tranchant. Non. Non, il était hors de question qu'elle lui fasse à nouveau confiance. Même si elle allait finir par ne plus avoir le choix.

« S'il te plaît, laisse-moi te soigner. » Il releva la tête, et leurs regards s’accrochèrent l'un à l'autre. Elle ne pouvait pas manquer la peine qui teintait le regard bleu de son ancien ami, tandis que le sien était plein de colère et de rancœur. Elle recula encore un peu lorsqu'il lui tendit la main. Mais la peine dans le regard d'Isaac ne fit qu’attiser un peu plus la colère naissante d'Ana. Pas autant que les mots qu'il prononça, ceci dit. « Je suis désolé. » Les mots la frappèrent douloureusement, la blessant encore davantage. « Tu es désolé ? » répéta-t-elle, d'un ton trop neutre. Elle se rapprocha alors enfin de lui, et lui attrapa le menton de sa main valide pour lui faire relever la tête sans la moindre douceur avant de le lâcher pour planter son regard dans le sien. « Tu es désolé, Isaac, vraiment ? Et moi, je suis censée te croire, c'est ça ? Je suis censée réagir comment, dis-moi ? Hein ? » La colère commença doucement à faire vibrer sa voix. « Est-ce que tu as seulement conscience de ce que j'ai ressenti ? De la peur, de l'inquiétude, du sentiment d'abandon ? Est-ce que tu connais ça, toi, hein ? Comment tu peux seulement me dire que tu es désolé ? Un signe de vie, c'est tout ce que j'ai attendu pendant des années. Des ANNÉES, Isaac. J'en ai chialé, à les attendre ces putains de nouvelles qui ne venaient pas. J'ai fais les pires scénarios dans ma tête, j'ai imaginé qu'il t'était arrivé des choses horribles tout en passant mon existence à refuser de croire que tu étais mort. Est-ce que tu sais ce que ça fait que de vivre avec ça ?! Ne me dis pas que tu es désolé. N'ose même pas me dire que tu es désolé. Si tu avais été un tant soit peu intéressé par ce que ce que je ressentais, tu m'aurais donné des nouvelles. Tu aurais pris la peine de m'envoyer ne serait-ce qu'un putain de hibou pour me dire que tu allais bien. »

Lorsqu'elle avait des choses à dire, elle ne prenait jamais de gants. Jamais, pour personne. Surtout pas après avoir gardé tout ça pour elle pendant des décennies. Elle aurait eu besoin de lui, dans sa vie. Elle aurait eu besoin de son soutien. Elle aurait eu besoin de pouvoir pleurer dans les bras d'un ami, à la mort de Maverick. Isaac lui avait terriblement manqué. Terriblement, et pourtant, elle n'était pas capable de montrer quoi que ce soit de positif dans cette situation. « Je vais te laisser me soigner. Parce que je tiens à ma santé. Mais après ça, je ne veux plus jamais te revoir. Jamais. » Tout en parlant, elle enleva le foulard qui entourait son bras, laissant apparaître une plaie profonde qui continuait de saigner.
Isaac Gresham
Isaac Gresham
« The light that brings the dawn »
Re: Ana et Isaac "Tu es en vie ? Vraiment ?"    Mar 28 Avr - 0:40
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« Tu es désolé ? » Oh je pourrais sans doute le répéter éternellement que cela ne changerait en rien ma stupidité, mon égoïsme. Ana s'approche de moi et j'ai l'impression que tous mes organes se liquéfient au contact de sa main sur mon menton, me forçant a relever le visage, affichant pleinement la honte, la peine et le regret qui brillent dans mes yeux.  Elle me lâche enfin, le contact n'a duré que quelques secondes mais il m'a semblé que c'était une éternité de souffrance.  « Tu es désolé, Isaac, vraiment ? Et moi, je suis censée te croire, c'est ça ? Je suis censée réagir comment, dis-moi ? Hein ? » Je me force à ne pas baisser la tête à nouveau, comme l'enfant qui attend sa punition.  « Est-ce que tu as seulement conscience de ce que j'ai ressenti ? De la peur, de l'inquiétude, du sentiment d'abandon ? Est-ce que tu connais ça, toi, hein ? Comment tu peux seulement me dire que tu es désolé ? Un signe de vie, c'est tout ce que j'ai attendu pendant des années. Des ANNÉES, Isaac. J'en ai chialé, à les attendre ces putains de nouvelles qui ne venaient pas. J'ai fais les pires scénarios dans ma tête, j'ai imaginé qu'il t'était arrivé des choses horribles tout en passant mon existence à refuser de croire que tu étais mort. Est-ce que tu sais ce que ça fait que de vivre avec ça ?! Ne me dis pas que tu es désolé. N'ose même pas me dire que tu es désolé. Si tu avais été un tant soit peu intéressé par ce que ce que je ressentais, tu m'aurais donné des nouvelles. Tu aurais pris la peine de m'envoyer ne serait-ce qu'un putain de hibou pour me dire que tu allais bien. » Ses paroles sont tranchantes, elles m'atteignent toutes avec une dextérité sans pareil. Je ne sais pas ou me mettre, j'aurais sans doute préféré qu'elle me frappe, cela aurait été bien moins douloureux.

J'ai passé vingt années de ma vie à me dire que j'avais fait souffrir mon épouse en fuyant, mais qu'en était-il de mes amis?  Bien trop occupé à cultiver ma tristesse, j'avais gardé le silence, n'ayant même pas songé à prévenir les rares personnes qui m'avaient soutenu. Pas une fois. J'avais balayé du revers de ma main les gens que j'aimais, et la femme qui me faisait dignement face, en faisait autrefois partie. La petite sœur que je n'avais jamais eu. Isaac le Déloyal. Enfin quelque chose que je tenais de ma Maison et de ma famille. Si je ne porte pas une très haute estime de moi même habituellement, à cet instant précis, un tas d'immondices bien fumant aurait plus de valeur que moi.

« Je vais te laisser me soigner. Parce que je tiens à ma santé. Mais après ça, je ne veux plus jamais te revoir. Jamais. »  J'acquiesce d'un léger signe de la tête. Je ne dois pas parler, je la respecte trop pour lui imposer des excuses qu'elle ne veut entendre et qui ne changerait absolument rien au fait que j'ai été un salopard. D'un pas qui se veut assuré, je m'approche du bras mis à nu. J'essaye de rester professionnel, je dois arrêter de penser. C'est une patiente comme toutes les autres. Je l'ai perdue en même temps que mon honneur et je ne mérite pas son pardon.  Je pose mes mains fraîches de chaque coté de sa profonde blessure pour l'examiner, palpant délicatement pour évaluer les dégâts. J’éprouve beaucoup de difficulté à maintenir le contact, réveillant en moi des souvenirs que j'ai longtemps cru égarés.  

Baissant légèrement la tête, tout en fermant les yeux et en esquissant un léger sourire, je me laisse envahir par ces fragments de mémoire. J'étais si jeune et Ana aussi, nous avions la vie devant nous. Pensais-je déjà à ma fuite à cette époque la? Avions nous en tête que nos chemins allaient se séparer si subitement, seulement quelques années après? Oh, sans doute que nous nous étions juré une amitié éternelle. Et j'ai tout gâché.  J'ouvre lentement les yeux, retour à la dure réalité,  mon sourire a déjà disparu. Combien de temps me suis-je échappé dans mes souvenirs? Quelques secondes? Quelques heures ? Je ne sais pas, je suis un peu déboussolé, Anastasiya aurait très bien pu me parler, que ses paroles ne m'auraient pas atteint.

D'un geste mal assuré, je sors ma baguette. Je sais exactement ce que je dois faire. Relier les nerfs, réparer les veines touchées, nettoyer le derme pour éviter l'infection et enfin refermer l’épiderme. Elle n'aura d'ailleurs aucune cicatrice, je l'ai déjà fait tellement de fois. Si j'ai bien un seul talent, c'est la magie régénératrice, et je veux offrir à mon amie perdue un soin parfait. Je pointe ma baguette vers sa blessure et ferme les yeux à nouveau, cherchant la concentration.

Les sorts, les incantations s'emmêlent dans ma tête, attaqués par mes souvenirs. Ne veulent-ils pas rester sagement dans un coin, qu'ils viennent me torturer dans les heures les plus sombres de la nuit, comme ils savent si bien le faire habituellement ? Ma mâchoire se contracte et ma main se crispe sur le bois de mon arme. J'essaye, j'essaye, mais je n'y arrive pas. D'un geste rageur, je jette ma baguette au travers de la pièce et j'en sors avec hâte. Oh pas longtemps, juste le temps d'enfoncer mon poing dans le mur du couloir, d'entendre un sinistre craquement et revenir, plus calme. Je ne pense pas avoir souvent perdu mon sang froid en 39 ans d’existence, pas au point de m'en briser trois phalanges en tapant dans de la pierre. Ma respiration s'est calmée, et mon cœur semble battre à nouveau à un rythme raisonnable. J'ose planter mon regard dans celui d'Ana que j'ai laissé avec le bras en charpie. Sans déconner, qu'est-ce qui ne va pas chez moi? D'un pas vif, je retourne chercher ma baguette au pied du mur ou je l'ai jeté.

« Excuse moi. » J'ai honte de mon coup de sang, cela ne me ressemble tellement pas. Le sang des Gresham, une malédiction.  Je m'approche à nouveau d'Ana, pose ma main valide sur son bras et tiens ma baguette de mon autre main qui enfle à vue d’œil. J'ai réussi à faire du tri dans ma tête, j'ai repris le fil de ma conscience, de ma magie. Je ferme les yeux un instant, mettant en place mes sorts, mes incantations informulées. La peau s'étire, les nerfs se reconnectent, les veines se réparent. Je soupire et je m'écarte de ma Gryffondor. Le silence est pesant, je danse sur mes pieds, ne sachant pas comment formuler ce qui me brule le coeur. Il y a pourtant milles façons de le dire, milles tournures, mais aucune ne convient.

« Je regrette, Ana. Je regrette que le Serpent ai fini par mordre la Lionne. Et que son poison t'ai rongé si longtemps. »

Bien que je n'en sois pas réellement étonné. Isaac le Damné.
Anastasiya Lewis-Cornack
Anastasiya Lewis-Cornack
« It's not my war. »
Re: Ana et Isaac "Tu es en vie ? Vraiment ?"    Mer 29 Avr - 10:50
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Elle avait été dure, elle le savait. Dans ses paroles, et dans son attitude. Elle avait craché les mots, elle les avait rugis. Elle les avait imposé à Isaac, ne lui avait pas laissé le choix. Elle avait gardé tout ça au fond de son cœur trop longtemps, et les mots étaient sortis tous seuls, sans qu'elle n'ai eu besoin de réfléchir. Anastasiya n'était pas tendre. Anastasiya n'avait jamais été tendre. Et Anastasiya ne comptait pas l'être, là, maintenant. Pas face à un traître. Le terme était fort, peut-être, mais qu'était-il d'autre à cet instant qu'un traître aux yeux de la dresseuse ? Rien. Rien de plus que ça. Rien de plus que le frère qui l'avait abandonnée. Le frère qui l'avait laissé pleurer sa disparition alors qu'il était là, quelque part, à continuer sa vie en oubliant ceux qui l'avaient aidé à la construire. Qu'est-ce qu'elle avait fait pour mériter l'abandon ? Qu'est-ce qu'elle avait fait qui justifie qu'il l'ai fuit ? Bien sûr, elle n'était pas sotte, ni particulièrement égocentrique, elle se doutait qu'elle n'avait pas été la seule à se faire abandonner. Mais pourquoi ? Pourquoi est-ce qu'il avait fait ça ? Elle bouillonnait de colère, d'incompréhension. Les deux se mêlaient ; cocktail dangereusement explosif. Elle voyait bien que la culpabilité habitait son ancien ami. Elle le voyait, mais refusait de donner une quelconque légitimité à cette culpabilité. Il avait fait ses choix, après tout ; il n'avait pas le droit d'être désolé aujourd'hui.

La blessure à son bras mise à nue, Anastasiya laissa Isaac approcher. Elle frissonna au contact de la main de son ancien frère sur sa peau. Pendant combien d'années avait-elle espérer qu'il passe le pas de sa porte et qu'il la serre contre lui ? Pendant combien de temps avait-elle espérer pouvoir à nouveau lui sourire ? Elle ne souriait pas, pourtant. Le contact était désagréable. Comme une brûlure plus féroce que celle que les dragons pouvaient laisser sur sa peau. Elle voulait juste que tout cesse, qu'il la soigne et qu'elle puisse sortir d'ici. Elle avait à la fois envie de hurler et de pleurer. Envie de continuer à le tabasser avec ses reproches. Et pourtant, elle gardait un visage neutre, impassible. A peine une grimace de douleur lorsqu'il l'examina. Une très légère déformation des traits qu'elle essayait de maîtriser. Elle voulait rester aussi impassible qu'une statue. Elle y avait cru, elle, à cette amitié. Elle y avait cru de toutes ses forces. Elle lui avait donné toute sa confiance, à Isaac. A 11 ans, déjà, elle lui avait offert toute sa confiance. La première fois qu'il l'avait défendue, la première fois qu'il avait fait un geste vers elle. Elle avait pris cette main qu'il lui avait tendu, peut-être malgré lui, sans la moindre hésitation. Et jamais elle n'avait fait autre chose que le soutenir durant tout ce temps. Elle l'avait aimé, profondément, sincèrement. Sans se poser la question de savoir si un Serpent et un Lion avaient le droit d'être amis. Elle s'était accordé ce droit. Et elle le regrettait aujourd'hui.

Elle détourna le regard, refusant de le poser sur Isaac. Elle le laissait faire son travail, gardant un silence quasi religieux. L'ambiance, dans cette petite salle de consultation, était à peine supportable. Ils n'avaient pas besoin de mots pour faire comprendre leur malaise respectif. Mais lorsqu'Isaac balança sa baguette à l'autre bout de la salle, Anastasiya sursauta plutôt vivement, pour reporter son regard sur lui, tout juste au moment où il sortait de la salle. Elle sursauta à nouveau en entendant un bruit sourd dans le couloir. Bon Dieu, est-ce qu'elle l'avait atteint au point de lui faire perdre son sang froid ? Qu'est-ce qui ne tournait pas rond chez cet homme ? Qu'est-ce qui justifiait, au juste, ce coup de sang ? C'était lui qui était parti. C'était lui qui avait fait le choix de l'abandonner. Elle, elle l'aurait soutenu, toujours, envers et contre tout. S'il était resté, elle aurait tout fait pour l'aider... Mais il avait fait ses choix, il avait pris ses décisions. C'était à lui d'en assumer les conséquences, maintenant. C'était à lui de rester digne face aux conséquences. Ce qu'il ne faisait pas. Ce qui ne faisait que faire monter d'un cran la colère chez Anastasiya. Avait-il si peu d'estime de lui-même pour se laisser aller à une telle faiblesse ? Il réapparut dans la pièce, alla chercher sa baguette, s'excusa. La dresseuse le fixa quelques secondes, sans rien dire. Pas un mot. Le seul geste qu'elle fit fut d'aller s'asseoir sur le lit dans la pièce.

Le regard de la femme s'accrocha à la main qui enflait. Celle qui tenait la baguette. Avant de serrer les dents sous le coup de la magie régénératrice. Elle lâcha un gémissement de douleur, bien malgré elle, fermant les yeux alors que ses tissus, ses nerfs, ses veines reprenaient leur place et leur forme. Ça ne dura pas si longtemps que ça. Le résultat était parfait. Aleksandra n'avait pas le talent d'Isaac, Anastasiya le reconnaissait. Au moins n'aurait-elle pas de cicatrice cette fois. La douleur s'amenuisant, Anastasiya pu rouvrir les yeux. Commencer à desserrer les mâchoires. « Je regrette, Ana. Je regrette que le Serpent ai fini par mordre la Lionne. Et que son poison t'ai rongé si longtemps. » Son regard se planta sur Isaac. Elle aurait tout aussi bien pu simplement se lever et partir. Au lieu de ça, ses lèvres s'ouvrirent à nouveau, le son de sa voix s'en échappant ; « Il n'est clairement plus temps de regretter. J'imagine qu'un Serpent reste un Serpent. Et si je me trompe, prouve-moi le contraire, Isaac. » Elle fit glisser son regard, à nouveau, sur la main blessée de son ancien ami. « Soigne ça. Je n'ai pas envie que tu sois blessé à cause de moi. Ou dis-moi comment faire pour te soigner ça. » Malgré toutes les rancœurs, elle ne pouvait pas ne pas faire remarquer qu'il s'était blessé. Elle ne pouvait pas supporter de savoir qu'il avait mal, au fond.

« Et explique-moi. Je ne veux pas de tes excuses, je crois qu'il est bien trop tard pour ça. Mais j'ai besoin d'explications. Tu veux te rattraper ? C'est le moment, Isaac. Accorde-moi le droit de comprendre pourquoi j'ai perdu un ami qui comptait autant qu'un frère à mes yeux. » Elle avait replanté son regard dans celui du médicomage en parlant, le soutenant, le défiant presque. Oui, c'était presque un défi. Elle lui lançait le défi silencieux d'assumer ses choix, ici et maintenant, face à elle. Il lui devait au moins ça.
Isaac Gresham
Isaac Gresham
« The light that brings the dawn »
Re: Ana et Isaac "Tu es en vie ? Vraiment ?"    Ven 1 Mai - 15:07
Gallions : 47
    

Je suis épuisé, exténué, vidé. C'est dans ces moments que je regrette d'être revenu. Oh, non pas de retrouver des gens qui m'étaient cher autrefois, mais plutôt d'être toujours dans l'attente, ne jamais savoir si le passé va resurgir au détour d'une ruelle, dans une boutique, au travail. D'abord Jasmée, ensuite Judith et maintenant ma Lionne. Peut être étais-je trop naïf de croire que j'aurais un quelconque contrôle des face à face avec mon passé. Vaste plaisanterie. Isaac l'Idiot.

« Il n'est clairement plus temps de regretter. J'imagine qu'un Serpent reste un Serpent. Et si je me trompe, prouve-moi le contraire, Isaac. »

Les mots d'Ana tournent dans ma tête. Je ne me suis jamais réellement senti chez moi chez les Serpents, et de me retrouver affilié à eux, comme une fatalité, m'attriste. Mais c'est moi qui en suis responsable, n'est-ce pas? J'ai mis une mornille dans le distributeur à préjugés, je ne devrais pas m'étonner à en recevoir en retour.

« Soigne ça. Je n'ai pas envie que tu sois blessé à cause de moi. Ou dis-moi comment faire pour te soigner ça. » Je pose mon regard bleuté sur ma main brisée. J'avais réussi à ignorer la douleur, la mettre au second plan, pour m'occuper de mon amie perdue, et de m'avoir rappelé son existence fit battre la douleur avec une violence démesurée. Avoir fracturé ma main dominante n’était sans doute pas une des choses les plus intelligentes que j’ai pu faire dans ma vie. Oh bien sûr, pas au même titre que d’avoir abandonné mes amis et ne plus donner signe de vie pendant vingt ans. Je souffle un léger rire par le nez, je suis vraiment un homme stupide.

« Et explique-moi. Je ne veux pas de tes excuses, je crois qu'il est bien trop tard pour ça. Mais j'ai besoin d'explications. Tu veux te rattraper ? C'est le moment, Isaac. Accorde-moi le droit de comprendre pourquoi j'ai perdu un ami qui comptait autant qu'un frère à mes yeux. » Je lève la tête, je prend cela comme une chance inespérée. Et je ne la mérite aucunement. Je viens m’asseoir aux côtés d’Anastasiya et regarde ma main enflée pendant un instant, j’examine ce que j’ai brisé dans mon coup de sang. Il y a plus de dégâts que ce que j’avais pensé lors de ma rapide analyse : quatre phalanges, deux muscles froissés, un tendon abîmé et une veine proche de la rupture. Bien joué Isaac, c’était très intelligent. Je change ma baguette de main et diffuse un sort d’appaisement qui s’enroule autour de chaque zone endolorie. Je soignerais ça plus tard, ça va me prendre un peu de trop de temps et j’ai besoin de concentration. Je reporte mon attention sur Ana et je lui offre un petit sourire.

« Ebony et Dorian. » Je lache ça comme une évidence, tout simplement parce que c’en est une. « J’ai eu des enfants et tout à changé pour moi. Il fallait... Non. JE devais les éloigner de tout ça, de mon père, de mon frère de l’Angleterre, de cette guerre.  » Mon regard se perd dans le vide. « Il m'a forcé à faire des choses atroces, Ana. Et je n’avais pas le choix. J’ai torturé, j’ai détruit des foyers, j’ai répandu le chaos. Je n’avais pas le choix. Charles avait tout à portée de main pour m’atteindre : mon épouse, mes enfants, mon jeune frère, toi.  » Les souvenirs me brûlent les yeux. Plus de vingt ans après, j’en ai toujours honte, je me sens souillé par le mal que mon père m’a forcé à ingérer, me dévorant de l’intérieur. « J’étais prêt à encaisser tout ça, pour la survie de mon entourage. » Bien sûr, Isaac le chevalier blanc. Isaac la Victime, plutôt. J’ai l’air de me donner le beau rôle dans tout ça, mais je ne fais qu’expliquer les faits. Je ne le fautif dans cette histoire, j’aurais du me battre. Tenir tête à ma famille, quitte à tout perdre, quitte à mourir. « Mais le soir ou je devais prendre la Marque, le soir ou je devais assassiner un né-moldu sous les yeux de Charles, je n’ai pas pu. Mon père à briser ma baguette et je me suis enfuis avant qu’il n’ai le temps de m’abattre. » La douleur dans ma main se réveille déjà mais je décide de l’ignorer, étant déjà occupé à gérer la souffrance qui lacère mon coeur. Je me lève et commence à faire les cent pas dans la pièce, pour faire taire mes tourments. « Et je me suis enfuis, Ana. Je n’ai réussi à prendre avec moi que ma fille. J’ai attendu Jasmée et mon fils pendant des jours, mais je n’ai reçu que la visite d’Asaël, venu pour me tuer. Je n’avais pas le choix, je suis parti le plus loin possible, la ou personne ne pouvait me retrouver, ou personne ne pourrait atteindre ma fille. » Je m’arrête, plonge mes yeux empreint de douleur dans ceux de ma soeur de coeur.

« J’ai passé vingt ans au Japon ou je suis devenu médicomage. Aucun contact avec l'Angleterre, si ce n’est une photo par mois à Jasmée de la fille que je lui ai arrachée. » Je retourne m’asseoir sur le lit, le coeur endolori mais plus léger. Pourquoi? Raconter mon histoire à quelqu’un qui m’était cher serait un soulagement? « Je suis revenu il y a un an environ, quand j’ai appris le retour de Tu-Sais-Qui. Ma fille voulait connaître son pays natal, et rencontrer sa mère et son frère. Et se battre aussi. Sans elle, sans doute serais-je resté au Japon jusqu’à la fin de mes jours. Je suis un lâche. »

Il n’y avait aucune excuse dans mes paroles, seulement mon histoire. Il n’y a rien pour justifier que j’ai tiré un trait sur mes amis, sur ceux qui m’ont toujours soutenu. Pas même le besoin inconscient de les protéger. Juste de l’égoïsme, juste pour sauver ma fille, et moi même. Je me retrouve à contempler mes chaussures, le visage légèrement empourpré de ma honte.

« Et il n'y a aucune excuse à ma lâcheté. »
Anastasiya Lewis-Cornack
Anastasiya Lewis-Cornack
« It's not my war. »
Re: Ana et Isaac "Tu es en vie ? Vraiment ?"    Mar 5 Mai - 14:56
Gallions : 76
    
Il y a toujours des raisons qui poussent les gens à agir. Toujours. C'était la plus réelle des évidences. Les gens avaient toujours des raisons pour faire les choses, quelles qu'elles soient. Certaines étaient plus louables que d'autres. Certaines n'avaient de sens que pour les principaux concernés. Et Anastasiya voulait connaître les raisons d'Isaac. Elle était devenue une boule de colère, de rancœur. Elle était prête à tirer un trait sur lui. Mais elle voulait savoir, avant. Elle voulait comprendre. Lui pardonner ? Elle n'en savait rien, encore. Tout dépendait des raisons. Tout dépendait de ce qui avait poussé Isaac à disparaître comme il l'avait fait. A se comporter comme un lâche. Elle n'aimait pas les lâches. Elle les avait en horreur. Ils l’insupportaient profondément. Est-ce qu'Isaac était réellement un lâche ? Au fond d'elle, elle voulait croire que non. Elle voulait croire qu'il avait eu de réelles raisons pour quitter l'Angleterre. Pour partir, sans plus donner de nouvelles. Alors, elle posa la question. Parce que c'était probablement ce qu'il y avait encore de plus simple à faire. Demander des explications dont elle n'avait pas voulu quelques minutes plus tôt. Elle le regarda s'asseoir à côté d'elle, le fixa pendant qu'il faisait quelque chose pour sa propre main. Tout en gardant le visage le plus neutre possible. Le visage de celle qui attends de savoir pourquoi elle avait dû souffrir aussi longtemps à cause de lui. Aucune réponse au sourire qu'il lui adressa. Juste son regard qui se planta dans le sien. Et un léger froncement de sourcils à l'évocation de deux prénoms. Ebony et Dorian.

Sans s'en rendre compte, Anastasiya se surprit à s'adoucir légèrement dans son attitude lorsqu'elle comprit qu'il avait eu des enfants. Elle sentit son cœur se serrer en l'entendant parler. Isaac, et le sang trop pur de sa famille... Ce n'était pas une excuse, aux yeux d'Anastasiya ; elle avait eu une mère qui s'était affranchie de son statut de sang-pur pour se marier avec un né-moldu contre l'avis de toute sa famille. Une mère qui avait tenu tête au reste de sa famille pour imposer ses choix, pour protéger sa famille. Une mère qui n'avait pas fuit. Mais le contexte était différent. Ana ne pouvait pas jouer les aveugles là-dessus. Les Aliev n'avaient jamais été des partisans de Celui-Dont-On-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom. Ou ils l'étaient devenus beaucoup plus tard. Et pouvoir renier Annoushka avait sûrement été une bénédiction pour eux. Pour rayer de la liste celle qui avait fait honte à leur sang. Elle continua de fixer Isaac, alors que son regard à lui se perdait dans le vide. Elle se sentit déglutir discrètement. Elle ne pouvait pas imaginer à quel point cette guerre avait pu avoir un impact sur les enfants de Mangemorts. Sur ceux qui étaient destinés à devenir comme leurs parents. La plupart avaient dû s'en contenter, se faire laver le cerveau tellement violemment que ça ne faisait que devenir une évidence pour eux. Mais Isaac n'était pas comme ces enfants-là. Et de ça, par contre, Anastasiya n'en avait jamais douté. Le simple fait de l'imaginer devoir faire du mal au nom d'une idéologie stupide et infondée lui brisait le cœur. Ça avait dû le détruire. Oh oui, elle en était persuadée ; ça avait dû détruire son Serpent.

La suite, Anastasiya pouvait presque la deviner. Mais elle le laissa parler. S'exprimer. Faire sortir ses souvenirs. S'exorciser. Ce qui aurait dû être une conversation pour soulager Ana aurait peut-être le mérite de soulager Isaac. Elle ne le trouvait plus lâche, maintenant. Aurait-elle réagit autrement, si la vie d'Absolem avait été en danger ? Ne serait-elle pas partie sans laisser de trace, elle aussi, si elle avait dû protéger son fils ? Elle connaissait parfaitement la réponse à ces deux questions. C'était évident. Elle se mit à soutenir le regard d'Isaac, non plus pour le défier, mais pour essayer de le calmer. Pour essayer de calmer un peu toute cette peine, toute cette douleur, toute cette honte qu'elle percevait dans les yeux de son ancien ami. Elle hésita, le laissant se réinstaller à côté d'elle, esquissant un geste pour lui prendre la main. Geste qu'elle stoppa rapidement, sans le terminer. Elle secoua la tête, doucement, et fit claquer sa langue contre son palais à la dernière phrase d'Isaac. « Il y a des lâchetés qui ont plus de mérite que d'autres. » Oh oui, probablement. « J'aurais fait la même chose à ta place. J'ai un enfant, moi aussi, un garçon. A choisir entre le protéger et tout quitter, ou le mettre en danger et rester prêt de mes amis, j'aurais choisi la première option. N'importe quel parent sain d'esprit choisirait la première option. » Elle se releva, pour juste se planter devant Isaac et poser un doigt sous son menton. Contrairement à ce même contact quelques instants plus tôt, qui avait été dur, elle s'était faite douce cette fois. Maternelle, presque. « Relève la tête, ça m'énerve quand tu fais ça. » Elle accrocha son regard au sien, quelques instants, sans rompre le contact pour qu'il ne puisse plus baisser la tête comme il venait de le faire.

« Tu sais ce qui n'est pas pardonnable, réellement ? Ton silence, depuis un an. Tu travailles avec ma sœur, tu ne peux pas faire comme si tu n'avais eu aucun moyen de me joindre. Mais je comprends que tu ai eu autre chose en tête, malgré tout. Je comprends que ta famille passe avant le reste. Ma famille passera toujours avant le reste, alors je peux comprendre ça. Je ne te pardonne rien, mais je comprends. » Elle enleva son doigt de sous le menton d'Isaac, et recula d'un pas. « Tu as bien fait de protéger ta fille. Tu n'es pas un lâche, tu es un père. Et tu n'es pas plus lâche d'avoir eu l'envie de passer le restant de ton existence au Japon, tu es juste lucide sur ce qui t'attends ici, en Angleterre. Ne pas avoir cherché à retrouver ceux qui t'ont aimé, avoir fuit ton passé par ce biais, ça, ça fait de toi un lâche, par contre. Je ne veux pas te perdre encore une fois, Isaac. J'étais en colère, tout à l'heure, quand je t'ai dis que je ne voulais plus jamais te revoir, mais je ne le pensais pas. Mais je ne m'imposerai pas dans ton existence, ce n'est pas à moi de faire cet effort là. Si tu veux qu'on puisse compter l'un pour l'autre, montre-le. Et si tu t'en tapes, alors ne fais juste rien. » Que pouvait-elle dire de plus que ça, après tout ? Il lui semblait qu'il n'y avait pas grand chose de plus à ajouter...
Isaac Gresham
Isaac Gresham
« The light that brings the dawn »
Re: Ana et Isaac "Tu es en vie ? Vraiment ?"    Ven 15 Mai - 11:55
Gallions : 47
    





« Il y a des lâchetés qui ont plus de mérite que d'autres. » Oh oui sans doute, mais suis-je plus méritant qu'un autre ? Avoir sauvé deux vies, au lieu de se battre et d'en sauver des dizaines, était-ce honorable ? Je n'en suis pas tout à fait sur.  Isaac l’Egoïste. « J'aurais fait la même chose à ta place. J'ai un enfant, moi aussi, un garçon. A choisir entre le protéger et tout quitter, ou le mettre en danger et rester prêt de mes amis, j'aurais choisi la première option. N'importe quel parent sain d'esprit choisirait la première option. »  

Un fils. Ma honte s'intensifie. Mon amie la plus chère a eu un fils et je n'en savais rien. Je n'aurais jamais du rompre le contact, au moins avec elle. Je m'en veux terriblement et n'arrive pas à détacher mon regard de mes chaussures. Mais elle me comprend. Malgré tout, malgré la douleur qu'elle a pu ressentir après ma disparition, elle me comprend. Je me sens plus léger. Oh non, pas moins coupable, car je le resterais toute ma vie, mais d'avoir pu donner une raison acceptable à ces yeux pour mon impardonnable lâcheté, apaise mon cœur.  

« Relève la tête, ça m'énerve quand tu fais ça. »

Je prend sur moi, je me force à relever la tête, légèrement aidé par le contact de ma Lionne qui me fait face à présent. J’acquiesce un sourire penaud alors que je me plonge dans son regard, l'espace de quelques secondes, avant de fuir ces yeux qui me blessent autant qu'ils m'adoucissent.

« Tu sais ce qui n'est pas pardonnable, réellement ? Ton silence, depuis un an. Tu travailles avec ma sœur, tu ne peux pas faire comme si tu n'avais eu aucun moyen de me joindre. Mais je comprends que tu ai eu autre chose en tête, malgré tout. Je comprends que ta famille passe avant le reste. Ma famille passera toujours avant le reste, alors je peux comprendre ça. Je ne te pardonne rien, mais je comprends. » La voir reculer, ne serait-ce que d’un pas, après ses paroles, provoque un immense vide en moi. Le pardon ne viendra jamais. Oh, peut être ai-je été fou, naïf, d’y avoir cru l’espace d’un instant, tout au fond de moi. Je baisse la tête, à nouveau.« Tu as bien fait de protéger ta fille. Tu n'es pas un lâche, tu es un père. Et tu n'es pas plus lâche d'avoir eu l'envie de passer le restant de ton existence au Japon, tu es juste lucide sur ce qui t'attends ici, en Angleterre. Ne pas avoir cherché à retrouver ceux qui t'ont aimé, avoir fuit ton passé par ce biais, ça, ça fait de toi un lâche, par contre. Je ne veux pas te perdre encore une fois, Isaac. J'étais en colère, tout à l'heure, quand je t'ai dis que je ne voulais plus jamais te revoir, mais je ne le pensais pas. Mais je ne m'imposerai pas dans ton existence, ce n'est pas à moi de faire cet effort là. Si tu veux qu'on puisse compter l'un pour l'autre, montre-le. Et si tu t'en tapes, alors ne fais juste rien. » Mon coeur semble exploser dans ma poitrine. Si j’ai baissé les yeux, fuyant les paroles de mon amie, cette fois ci je me lève, me redresse, surplombant Anastasiya de toute ma hauteur. On peut voir dans mon regard brûler l’honneur que me fait mon amie, de faire un pas vers moi. Ou plutôt de m’autoriser à ce que moi je puisse en faire un. Et je n’ai pas envie d’attendre. Je comble la distance qui nous sépare et prend ma Lionne dans mes bras. Je ne peux m’empêcher de sourire bêtement, tout en poussant un long soupir. Comment ai-je pu vivre si loin d'elle, pendant autant d'années ? Nous avons changé, vingt ans nous ont séparés, mais nos âmes se souviennent. Quelques bribes de souvenirs lointains me reviennent, des petites choses insignifiantes aux yeux de tous, mais qui nous importaient tant à l'époque. Notre amitié sans faille, sans limite. Nos jeux, nos regards complices. Nous avons perdu deux décennies, et dans sa bonté, ma Gryffondor nous permet de nous retrouver, malgré tout. Je m’ecarte légèrement de la brune, pour ne garder que mes mains sur ses épaules. Mes yeux sont humides, alors que mon sourire demeure.

« Je ferais tout ce qu’il faut. Tout ce qu’il faut pour que la Lionne ne soit plus jamais blessé par le Serpent. Ni par sa famille. »

Ma famille. Mon visage s’assombrit. Si ils venaient à avoir vent que nous avons repris contact, Anastasiya et moi, sans doute qu’ils essayeraient de l’utiliser pour m’atteindre. Je suis d’ailleurs étonné qu’Asaël n’ai jamais essayé de coincer Ana pour avoir des informations à mon sujet. Je dois être prudent. Pour elle, et son fils. Je m’écarte pour retourner m’asseoir sur le lit et tousse légèrement, pour chasser la menace de ma tête.

« Tu disais qu’Aleksandra travaille ici? Je n’ai pris mon poste que depuis quelques semaines, je n'ai pas encore eu l'occasion de rencontrer tout le monde, je serais honoré de travailler avec ta soeur. »

Et je le pense. Si je n’ai jamais été aussi proche avec Aleksandra qu’avec Anastasiya, je l’ai toujours respecté. En regardant l’horloge présente dans la pièce, je me surprend du temps passé, comme si les minutes s’étaient contractées pendant nos retrouvailles. Je devais me remettre au travail, à contre coeur. Je soupire, légèrement.

« Ana, je dois te laisser. Je serais heureux si tu acceptais de rencontrer ma fille, et que je rencontre ta famille. Nous avons tant de choses à nous dire, et aujourd’hui, j’ai si peu de temps. »

Je me dirige vers la porte et pose ma main endolorie sur la poignée. Je me tourne vers Elle et lui offre un petit sourire. Je ne veux plus jamais quitter sa vie. Quoi qu’il advienne.
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