Tasnim Vang
Tasnim Vang
« The Time Keeper »
dance of the sugar-plum fairy.   Ven 15 Mai - 15:14
Gallions : 94
    

caith & tasnim



Elle avait transplané par réflexe, admettant que comme un moldu qui n’oublie jamais comment faire du vélo, elle pouvait se permettre de laisser ses pensées dériver dans une autre direction pendant qu’elle disparaissait d’un endroit puis réapparaissait dans un autre. Les 3D n’étaient plus qu’un vague souvenir, une comptine ; qui prenait la peine de se la répéter par simple précaution avant chaque transplanage ? Personne. Seulement les jeunots de dix-sept ans, tous juste diplômés. Sauf que Tasnim avait toujours eu des… disons… soucis concernant le transport. Voyager dans le temps était peut-être devenu une seconde nature mais c’était loin d’être le cas du voyage dans l’espace – pour ne citer qu’un exemple, il y avait son premier examen de transplanage international où elle avait atterri au Japon, complètement déboussolée, ratant sa cible australienne de quelques milliers de kilomètres… Sainte-Mangouste l’accueillait donc régulièrement pour de légères désartibulations et Tasnim avait fini par appeler certains docteurs – les spécialistes, dans son cas, qui lui recommandaient sans cesse des potions de concentration – par leurs prénoms. Et aujourd’hui ne dérogeait pas à la règle. – Oh, Miss Vang, quel plaisir de vous revoir à cet étage… lança le médicomage Naum Radford, à peine sarcastique, avant de s’approcher plus près pour évaluer l’ampleur des dégâts. Tasnim, allongée sur un lit tout ce qu’il y avait de plus standard et séparé des autres par de longs draps blancs, souriait d’un air absent, la faute à cette potion anesthésiante qu’on lui avait déjà fait boire, et de ce petit sachet couleur orangé qu’elle avait immédiatement avalé après son atterrissage « brutal ». – Je ne vois pas ce qui manque, attendez… Levez le bras ? L’autre ? Ah ! Naum regarda avec triomphe la main droite de la sorcière au bout de laquelle non pas un doigt manquait mais trois. Et demi. – Je suis gauchère, annonça-t-elle alors qu’elle reposait sa tête contre les oreillers. Comme on annonce que le ciel est dégagé, une platitude. – Bien, bien, vous m’en voyez ravi. Ne bougez pas, je vais chercher les potions adéquates… Ne bougez pas. Alors que Naum s’éloignait en lui jetant des regards menaçants, un grognement se fit entendre de l’autre côté du rideau. Maladivement curieuse, même dans son état normal, Tasnim tenta de séparer les deux draps, de trouver une ouverture au milieu pour jeter un coup d’œil à la bestiole – qui grogna de plus belle – mais n’y arriva pas. Déterminée à observer l’ours/ogre/demi-géant qui devait morfler de l’autre côté, elle attrapa sa baguette de sa main gauche, donc, avant de découper un cercle d’un bon mètre de diamètre dans le rideau. Le tissu blanc glissa dans un froissement de l’autre côté : ce n’était pas un ogre. – Caith ! Qu’est-ce qui t’est arrivé, tu t’es fait mordre par un veracrasse ? Elle avait beau être dopée de poudre délirante, son ressentiment (bête et méchant, injustifié) envers l’Auror n’avait pas disparu pour autant. En fait, en voyant ses grimaces de douleur elle ne pouvait s’empêcher de glousser doucement dans un mélange d’émotions contradictoires qu’elle n’avait pas spécialement envie d’analyser. Le pousser à bout pour l’emmerder ; le pousser un peu pour le faire rire et lui faire oublier la douleur ? – Hé, regarde ! continua-t-elle en lui montrant son presque-moignon, l’air de lancer entre eux la compétition de la blessure la plus stupide.